Le tout est toujours plus petit que les parties. Une expérimentation numérique des monades de Gabriel Tarde
«Le tout est toujours plus petit que les parties. Une expérimentation numérique des monades de Gabriel Tarde », Réseaux, Vol. 31, 177, pp. 199-233, 2013 (traduction de l'anglais par par Barbara Binder) avec Pablo Jensen, Tommaso Venturini, Sébastian Grauwin and Dominique Boullier.
Cet article vise à démonter que la disponibilité récente de données numériques permet de revisiter la théorie sociale de Gabriel Tarde (1843-1904) qui se passe totalement de notions telles que l’individu ou la société. Notre analyse repose sur l’idée que, tant qu’il était impossible, difficile ou simplement fastidieux d’amasser et de consulter des quantités d’informations liées à des sujets précis, il était logique de traiter les données relatives aux liens sociaux en définissant deux niveaux : un pour l’élément individuel, l’autre pour l’agrégat collectif. Mais dès que l’on suit les individus par le biais de leurs relations (ce que l’on fait généralement dans le cas des profils) il serait plus avantageux de naviguer à travers les fichiers de données sans distinguer le niveau de l’élément individuel de celui de la structure collective. On peut alors accorder une certaine crédibilité à l’étrange notion de « monades » de Tarde. Nous affirmons que c’est justement ce mode de navigation, rendu possible par l’accès aux bases de données numériques, qui permet de modifier la théorie sociologique. Au sens strict du terme, nous ne devrions plus parler de phénomènes collectifs par opposition à des phénomènes individuels, mais seulement d’autant de façons différentes de collecter des phénomènes.